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Allemagne : échec des négociations pour former un gouvernement de coalition


© Tobias Schwarz, AFP | La chancelière allemande Angela Merkel durant une pause dans les tractations en vue de la formation d'un gouvernement de coalition, dimanche 19 novembre à Berlin.

Angela Merkel et son parti conservateur ont échoué dimanche soir à forger une coalition pour diriger le pays, plongeant l'Allemagne dans une crise politique inédite qui pourrait signer la fin de la carrière politique de la chancelière.

En Allemagne, après plus d'un mois de laborieuses tractations entre démocrates-chrétiens (CDU-CSU) d'Angela Merkel, écologistes et Libéraux du FDP, ces derniers ont jeté l'éponge dimanche 19 novembre. "Il est préférable de ne pas gouverner que de mal gouverner", a déclaré à la presse à Berlin le président du FDP Christian Lindner, avant de quitter les lieux des discussions.

Christian Lindner a jugé qu'il n'y avait pas suffisamment "de positions commune et de confiance mutuelle" pour envisager un gouvernement de coalition de ce type pour les quatre ans à venir.

La chancelière Angela Merkel a de son côté déploré cet échec, assurant néanmoins que "l'Allemagne sera entre de bonnes mains au cours des semaines difficiles qui s'annoncent".

Divisions au sujet de l’immigration

Au cours des tractations, les différentes formations politiques ont notamment été incapables de trouver un terrain d’entente en ce qui concerne l'immigration et les suites de la politique généreuse d'accueil des demandeurs d'asile d'Angela Merkel en 2015 et 2016.

Les Libéraux et les conservateurs, en particulier les alliés bavarois très à droite de la chancelière (CSU), réclamaient une politique migratoire plus restrictive. Ils demandaient que le nombre de réfugiés soit limité annuellement à 200 000 et refusaient que tous puissent bénéficier du regroupement familial.

Le regroupement familial est à l'inverse pour les Verts un point essentiel, au nom de la tradition humanitaire du pays et d'une intégration réussie des immigrés.

Les partis se sont aussi écharpés sur les questions environnementales, les écologistes trouvant insuffisants les efforts envisagés pour réduire la pollution automobile ou celle des centrales au charbon du pays.

Autre point de discorde : la fiscalité. Les Libéraux exigeaient davantage de baisse ou suppression d'impôts, en particulier une taxe dite "de solidarité" servant à soutenir les régions économiquement défavorisées de l'ex-RDA.

Merkel fragilisée

Cet échec est aussi celui, personnel, d'Angela Merkel, au pouvoir depuis 2005, qui avait initié les négociations à quatre.

Il intervient de surcroît alors qu'elle est sortie déjà fragilisée des élections législatives après le score décevant de son parti, où son cap centriste est de plus en plus contesté par l'aile droite du mouvement.

Un échec du gouvernement "signifierait aussi sa fin" politique, a estimé durant la dernière ligne droite des négociations le politologue allemand Frank Decker sur la chaîne de télévision parlementaire nationale.

Habituée des longs marathons de négociations au plan européen, Angela Merkel peut encore en théorie proposer aux quatre partis de reprendre le dialogue après une pause. Mais les divergences de fond demeurent. Les sociaux-démocrates, avec qui elle pourrait aussi arithmétiquement former une coalition majoritaire, ont réitéré dimanche leur refus. Enfin, la chancelière a exclu jusqu'ici de diriger un gouvernement minoritaire au Bundestag.

Le scénario le plus probable reste donc de nouvelles élections début 2018. Et dans ce cas, Angela Merkel aura les plus grandes difficultés à rester à la tête de son parti pour le conduire au scrutin.

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