- مدير النشر
Catalogne : Madrid donne jusqu’à jeudi à Puigdemont pour préciser sa position
Le président de la Catalogne, Carles Puigdemont, s’adresse aux médias le 15 octobre 2017 à la suite de la cérémonie marquant le 77e anniversaire du décès du leader catalan Lluis Companys. Photo : Associated Press/Manu Fernandez
Madrid rejette la demande du président de la Catalogne, qui propose de « suspendre » son mandat référendaire pendant deux mois pour engager un dialogue « sincère » sur l'avenir politique de la région, et lui donne plutôt jusqu'à jeudi pour préciser s'il déclare l'indépendance ou non. « Pendant les deux prochains mois, notre principal objectif est de vous amener à dialoguer », a dit Carles Puigdemont dans une lettre envoyée lundi matin par télécopieur au gouvernement espagnol, lui demandant une réunion d'urgence.
Nous voulons parler, comme le font les démocraties établies, sur le problème posé par la majorité du peuple catalan qui veut commencer son chemin en tant que pays indépendant dans le cadre européen. Le président indépendantiste de la Catalogne, Carles Puigdemont Mais Madrid, qui depuis mercredi sommait plutôt le président catalan de dire s'il déclarait l'indépendance ou non, a fait peu de cas de cette proposition et lui a donné cette fois jusqu’à jeudi pour clarifier sa position.
Sur un sujet aussi important que celui-ci, nous avons demandé et nous demandons de la clarté [...] La persévérance dans la confusion est incompréhensible [...] Ce n'était pourtant pas compliqué de répondre par oui ou par non. Soraya Saenz de Santamaria, vice-présidente du gouvernement espagnol « M. Puigdemont a encore l'occasion de s'orienter vers une sortie de crise; il doit pour cela répondre oui ou non à la question d'une déclaration d'indépendance », a insisté la vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria.
Or, advenant une déclaration d’indépendance, Madrid menace de suspendre de façon partielle ou totale l’autonomie de la Catalogne en vertu de l’article 155 de la Constitution espagnole.
Les Catalans ont le droit de savoir, selon Mariano Rajoy
Dans une réponse écrite à son homologue catalan, le président espagnol Mariano Rajoy a lui aussi fermé la porte à la négociation, l’enjoignant à se prononcer immédiatement sur ses intentions.
« Non seulement le gouvernement, mais tous les Catalans ont le droit de savoir avec certitude si [...] la Généralité [exécutif régional] a déclaré l'indépendance de la Catalogne », écrit M. Rajoy, qui refuse catégoriquement le dialogue depuis le début de la crise.
Le 9 octobre dernier, le président de la Catalogne avait déclaré symboliquement l’indépendance, tout en suspendant les effets de cette déclaration pour permettre un dialogue avec Madrid à propos de l’avenir de la région.
Le 1er octobre, les électeurs catalans se sont prononcés à 90 % en faveur de l'indépendance de leur région, lors d'un référendum controversé tenu malgré l’interdiction du gouvernement espagnol, qui a déployé des milliers de policiers en Catalogne pour empêcher la tenue de l'exercice démocratique. Le taux de participation a été de 43 %.
La population catalane est divisée sur le projet d’indépendance, comme l'a rappelé la manifestation en faveur de l'unité espagnole qui a eu lieu le 8 octobre dernier. Les partisans du non n'avaient cependant pas fait campagne pendant le référendum, jugé inconstitutionnel par la Cour constitutionnelle espagnole.
La mairesse de Barcelone demande aux indépendantistes de faire machine arrière
Dans une tentative de calmer le jeu, la mairesse de Barcelone, Ada Colau, a appelé les gouvernants catalans à renoncer à une déclaration unilatérale d’indépendance pour mettre fin à l’incertitude et favoriser l’ouverture d’un dialogue constructif avec Madrid.
« Avant de trouver la solution définitive, ce qu'on peut faire, c'est instaurer un dialogue stable, et pour cela, il faut renoncer à la déclaration unilatérale une fois pour toutes [...] et de l'autre côté, il faut mettre fin aux mesures de mise sous tutelle que le gouvernement central a déjà prises en Catalogne », a suggéré la mairesse de la plus grande ville de Catalogne.
Soulignant que l’économie de sa ville est affectée par les événements des dernières semaines et la tension sociale qui en découle, Ada Colau a ajouté : « Il y a une immense majorité de la population (...) qui veut maintenant qu'on dialogue et qu'on en finisse avec cette situation d'incertitude, mauvaise pour tout le monde. »
Le chef de la police catalane relâché
La justice espagnole a relâché sous plusieurs conditions le chef de la police de Catalogne, Josep Lluis Trapero, après interrogatoire, en même temps qu’un autre haut dirigeant des forces de l’ordre. Elle l’avait mis en détention provisoire dans le cadre d’une poursuite pour sédition.
Un juge espagnol a cependant ordonné l'emprisonnement de Jordi Sanchez, de l'Assemblée nationale catalane, ainsi que de Jordi Cuixart, de l'association Omnium Cultural, chefs de deux organisations indépendantistes catalanes, en attendant que l'enquête sur leur propre poursuite pour sédition soit terminée.
Le 6 octobre dernier, le tribunal avait refusé une première requête de détention provisoire et avait libéré les accusés en attendant la suite des procédures.
La Cour nationale de Madrid enquête sur le rôle qu'ont joué ces quatre personnes lors des manifestations à Barcelone les 20 et 21 septembre, survenues après que la police espagnole eut arrêté plusieurs représentants catalans et perquisitionné des bureaux afin d'empêcher la tenue du référendum sur l'indépendance du 1er octobre.
Selon la justice espagnole, les forces de police que dirige M. Trapero ne sont pas intervenues adéquatement pour protéger les membres de la Garde civile espagnole lors d’une opération contre les manifestants. Les membres de la Garde civile s’étaient retrouvés encerclés par des protestataires indépendantistes devant le siège du département de l’Économie du gouvernement catalan, à Barcelone.
AGENCES DE PRESS / RC